Né avec la Renaissance, développé au Grand Siècle, amené à la perfection au XVIII° siècle, l’Art de la Conversation, création purement française, s’imposa au monde entier parce qu’il réconciliait les intelligences capables d’écouter et de comprendre le discours de l’autre et d’en tirer profit.
Donc de rapprocher, dans un respect mutuel, les hommes et leurs idées au lieu de les opposer.
Je crains que nos compatriotes aient jeté aux orties avec la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire, la courtoisie, condition indispensable pour confronter utilement les idées. Il n’est que d’assister à un débat amical et privé, politique, littéraire ou, comble de l'ironie, philosophique, pour s’en persuader : aujourd’hui, en France, la conversation cesse d’être un échange, c’est un pugilat.
Les passionnés de la vigne et du vin ne font, hélas, pas exception : je lis, j’entends, des prises de position sectaires, je vois des affrontements déchirants qui me navrent parce que des personnes, au demeurant intelligentes, honnêtement dévouées à la même cause, consacrent la plus grande partie de leur talent à essayer de se détruire au lieu de s’écouter et de comprendre que la vérité, si elle existe, ne peut être que multiple.
En additionnant votre vérité et la mienne en ce que chacune comporte de bien fondé , nous ferons mieux progresser la cause que nous défendons.
Méditons les paroles de Raymond Aron : « Discuter, c’est accepter de pouvoir changer d’avis »
Photo : les bronzes de l'artiste Isabelle Miramontes intitulés "Dialogue des sourds"